• Lire aussi : Éoliennes et efficacité énergétique : pas trop vite avec les barrages hydroélectriques « Le méthane est un type de gaz à effet de serre destructeur. Nous nous attendions à mesurer une certaine quantité émise par les réservoirs [des barrages hydroélectriques]mais nous avons été surpris par l’importance de ces émissions”, raconte au Journal le biologiste de l’UQAM Yves Prairie, qui a publié cette semaine dans Nature Géosciences le résultat d’une étude mesurant pour la première fois le méthane émis par les grands barrages.
La publication de l’étude coïncide avec une annonce faite mardi par le premier ministre du Québec et chef de la Coalition Avenir Québec François Legault, qui a déclaré vouloir «construire de nouveaux barrages au Québec pour avoir plus d’énergie propre» s’il était renouvelé. élu. L’énergie hydroélectrique n’est pas parfaite pour l’environnement. En plus de l’empreinte carbone laissée par la construction de digues, de barrages et de routes, nous devons nous attaquer aux émissions de gaz à effet de serre provenant des zones inondées, déclare le professeur Prairie, qui étudie les gaz à effet de serre depuis 15 ans. Matière en décomposition C’est la matière organique en décomposition du sol qui, sous l’action des bactéries, émet des gaz dans l’atmosphère lorsque les réservoirs sont remplis et inonde une vaste zone pour faire tourner les turbines. Les 20 premières années sont les plus productives et donc destructrices. Ensuite, la décomposition est plus lente et les émissions sont réduites. Heureusement, les bactéries au fond de l’eau n’aiment pas le froid. “Dans les zones nordiques comme la nôtre, les effets sont moins forts. C’est que l’action des bactéries est réduite, comme si elles étaient conservées au réfrigérateur », explique le professeur Prairie. Les données des chercheurs proviennent d’études menées depuis 1900 dans le monde entier. Ils ont étudié 9 000 barrages sur les cinq continents et développé un modèle pour mesurer le méthane. Selon leurs conclusions, le pic d’émissions de ce gaz par les barrages a été atteint en 1987. « Le pire est derrière nous, mais ces dernières années, nous avons assisté à un nouvel essor des projets, notamment en Asie et en Amérique du Sud. » L’éolien est plus vert Le président de la Fondation Rivières, Alain Saladzius, a été surpris par l’annonce du premier ministre Legault de relancer les travaux du barrage. “Nous sommes opposés au développement de l’hydroélectricité, en particulier pour les grands barrages”, dit-il. Selon lui, les besoins énergétiques supplémentaires de 10 térawattheures peuvent être satisfaits par l’énergie éolienne avec moins d’impact sur l’environnement. Avez-vous des informations à partager avec nous sur cette histoire ? Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs ? Écrivez-nous ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.