Le Conseil des gouverneurs de l’Institut monétaire a décidé de relever les taux directeurs de 75 points de base. Il s’agit de la plus forte hausse de l’histoire de l’institution face à la flambée de l’inflation en zone euro, qui restera “très élevée” pendant une “période prolongée”. “Nous avons eu des points de vue différents autour de la table, une discussion approfondie, mais le résultat de nos discussions a été une décision unanime”, a déclaré Christine Lagarde lors de la conférence post-réunion sur la politique monétaire. “Pour ceux qui continuent de dire que la BCE est à la traîne, je dirais que nous sommes sur une voie qui a commencé en décembre”, a-t-il ajouté. Faisant office de référence dans un contexte de liquidité abondante, le taux des dépôts bancaires à la BCE est passé de -0,5% à 0% en juillet et s’est établi à 0,75%. Les deux autres taux directeurs, celui appliqué aux banques pour les opérations de refinancement sur plusieurs semaines et celui visant la facilité marginale de financement journalière, s’établissent respectivement à 1,25% et 1,50%.

La BCE “continuera à augmenter ses taux d’intérêt”

En juillet, la BCE a tenu bon en annonçant une hausse surprise de 50 points de base, alors que 25 étaient attendus. L’ampleur de cette hausse était déjà sans précédent, après huit ans de taux négatifs. La promesse était alors de faire de même en septembre, à moins que les pressions inflationnistes ne s’atténuent. L’objectif des hausses de taux d’intérêt est de favoriser l’épargne et de réduire la consommation, en réduisant la pression sur les prix. Malgré cette nouvelle hausse historique, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a prévenu que les taux d’intérêt sont encore “loin” d’un niveau qui “permettra de ramener l’inflation à 2%”. Il a déclaré que les hausses suivantes, qui “dépendront des données économiques”, “doivent être d’une ampleur qui nous amène plus rapidement” à cet objectif, assurant que la BCE “continuera à relever les taux d’intérêt”.

Forte inflation pendant longtemps

D’autant plus que la baisse attendue des prix se fera attendre depuis longtemps, comme en témoignent les nouvelles prévisions d’inflation présentées jeudi, nettement relevées à 2024. La BCE s’attend à une inflation de 8,1% en 2022, contre 6,8% en juin. Pour 2023 et 2024, les observateurs de l’euro prévoient respectivement 5,5 % et 2,3 %, toujours au-dessus de l’objectif de 2 %. “Des prix de l’énergie très élevés réduisent le pouvoir d’achat des consommateurs”, a précisé la BCE, qui reconnaît avoir “fait des erreurs dans les prévisions”, alors que l’institution a été dépassée par les records d’inflation enregistrés dans la zone euro. “Nous avons fait des erreurs de prévision, comme l’ont fait toutes les institutions internationales et comme l’ont fait la plupart des économistes, car il est quasiment impossible de prévoir et d’inclure de nouveaux modèles comme le Covid, la guerre en Ukraine, le chantage à l’énergie”, a déclaré Christine Lagarde. prendre la responsabilité.” Les prix ont en fait augmenté en août pour atteindre un record de 9,1 % en glissement annuel dans la zone euro, bien au-dessus de l’objectif de 2 % de la BCE. De nouvelles tensions sur les prix de l’énergie suite à l’arrêt total des approvisionnements en gaz russe vers l’Europe laissent même présager une inflation à deux chiffres à l’automne. Sur ce durcissement de la BCE, celui de septembre appelle à plus lors des deux réunions à suivre avant la fin de l’année, selon les observateurs. Cependant, une hausse agressive des taux par la BCE augmenterait les conditions d’emprunt des pays vulnérables de la zone euro comme l’Italie. L’institut devra peut-être tôt ou tard concevoir son nouvel outil, dévoilé cet été, pour éradiquer les attaques spéculatives sur la dette profonde, selon Holger Schmieding, économiste chez Berenberg. Outre-Atlantique, les taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine oscillent déjà entre 2,25% et 2,50%, avec une hausse de 75 points de base attendue le 21 septembre. Etats-Unis : la lutte contre l’inflation va ‘tirer’ et ‘prendre du temps’, prévient le patron de la Fed


La zone euro risque une “récession” pour l’année 2023

Par ailleurs, la Banque centrale européenne a relevé jeudi ses prévisions de croissance du PIB de la zone euro pour 2022, mais les a fortement abaissées pour 2023. L’institution monétaire anticipe une “stagnation” de l’activité économique fin 2022 et début 2023. Elle prévoit désormais une croissance de 3,1% cette année mais seulement 0,9% en 2023, contre respectivement 2,8% et 2,1% prévus dans les prévisions de juin. Pour 2024, l’institut s’attend à une croissance du PIB de 1,9 %, contre 2,1 % précédemment. La zone euro risque une “récession” d’ici 2023 en cas de “coupure totale” des livraisons de gaz russe, a prévenu la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde. Avec la fermeture du gazoduc Nord Stream, “on y est presque”, a ajouté Christine Lagarde. (Avec AFP)